Aimer les chats, c’est aussi respecter leur liberté. Tous les chats n’ont pas pour vocation d’être domestiqués et vivre à l’abri. Certains chats sont sauvages, habitués à la rue, parce que nés dans la rue. On les appelle communément des chats errants. Puis, lorsqu’ils sont stérilisés, ils deviennent alors des chats libres.
Pour leur permettre de survivre, il faut tout de même en prendre soin : les nourrir, les abreuver, les soigner, surveiller leur état de santé…
D’ailleurs, ne pas les nourrir et les abreuver est passible d’une amende allant jusqu’à 750 € (Article R214- 17 du Code Rural et de la Pêche Maritime).
Ce rôle de protecteur porte le nom de nourricier ou nourrisseur.
Pour vous présenter cette mission, nous avons interviewé une nourricière bénévole de notre association, Marina .
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis employée administrative. Mes enfants sont mes 2 chattes sorties de la rue et 1 chien qui me suit dans tous les nourrissages et capture depuis ses 4 mois (il a 11 ans).
Je suis bénévole nourricière depuis 2006 et je m’occupe de 3 ilots entre Cannes et Mandelieu, soit au total une cinquantaine de chats, dans des endroits pas toujours faciles d’accès dont le port au milieu des rochers ou des endroits à Cannes en bordure de travaux.
Comment expliquerais-tu ton rôle ?
Mes 3 missions principales en tant que nourricière sont :
- nourrir les chats de mes îlots
- capturer les chats pour les faire stériliser ou les faire soigner
- surveiller leur état de santé et notamment les chats blessés ou malades.
Je dois contrôler le nombre de chats, les recenser régulièrement pour repérer les nouveaux arrivants. J’emmène alors ces derniers chez le vétérinaire qui va vérifier s’ils sont identifiés. S’ils le sont, c’est qu’ils sont perdus ou abandonnés, auquel cas le vétérinaire contacte leur propriétaire. Autrement, ils seront stérilisés et/ou soignés grâce aux dons que reçoit l’association.
Il faut être vigilant car il m’est déjà arrivé de ne pas réussir à capturer des chats sur un îlot où ils n’étaient que 10. Et en un rien de temps, je me suis retrouvée avec 30 chats, les femelles faisant plusieurs portées par an. Et il y a plus de femelles que de mâles dans les naissances.
Comment cela se passe concrètement ?
Après mon travail, je fais la tournée de mes îlots. Je dois toutefois m’assurer que j’ai suffisamment de nourriture et surtout d’eau car dans les endroits de nourrissage, il n’y a pas l’eau courante. Pendant l’été, il faut prévoir un grand nombre de bouteilles.Les chats sont habitués à leur heure de nourrissage et me retrouvent dans un endroit isolé. Je dépose leur nourriture dans des gamelles. Je les regarde manger, c’est à ce moment-là que je peux les recenser et voir s’il y a un blessé ou un nouveau. Ensuite, et c’est un point très important, je repars avec les gamelles vides. On peut éventuellement quand il fait très chaud leur laisser des gamelles d’eau mais il faut que celles-ci soient cachées pour des raisons d’hygiène.
C’est une organisation qui prend du temps chaque soir. Heureusement, sur la plupart des îlots, nous sommes plusieurs à nous relayer.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans ta mission ?
La météo est la première difficulté, comme les jours de pluie ou d’intempéries. Cela implique aussi de surveiller l’heure pour parfois s’adapter comme l’autre jour où j’ai vu qu’il allait pleuvoir vers 14H. J’ai alors arrêté ce que je faisais et j’ai foncé sur mes îlots.
Il y a aussi la difficulté de la localisation. Au port par exemple, c’est un peu compliqué car il faut monter sur la jetée et crapahuter dans les rochers. Sur mon îlot à Cannes, il faut impérativement avoir un véhicule tout-terrain et être équipé contre la terre et la boue.
En été, il faut porter un nombre important de bouteilles d’eau sur le lieu de nourrissage en plus de la nourriture. Heureusement, il y a aussi des îlots simples d’accès pour les bénévoles non équipés.
Qu'est-ce que tu retires de cette mission ?
Il est certain que l’on ressent une satisfaction personnelle de voir des chats en mauvais état reprendre du poil de la bête et être en bonne santé. C’est aussi un plaisir unique de créer une relation avec les chats, même les plus sauvages. D’ailleurs, sur l’un de mes 3 îlots, les chats reconnaissent ma voiture et arrivent à toute allure. Au fil du temps, les plus sauvages se laissent caresser car ils sont apaisés par la stérilisation et le fait de ne plus avoir faim, ils n’ont plus besoin de se battre pour survivre.
Toutefois, même si j’arrive à les toucher, ils ne sont pas vraiment sociables et restent sauvages. Impossible de les faire adopter.
Que représente le bénévolat pour toi ?
C’est sortir de sa zone de confort et donner un peu de son temps aux associations. On donne le temps que l’on veut et que l’on a envie. Et, pour moi, c’est devenir une meilleure version de soi-même. Cela implique de s’engager, autrement dit d’aller au bout des choses sans abandonner (ni l’association, ni les chats qui comptent sur nous).
Il est très difficile de recenser les populations de chats libres. En 2021, on estimait leur nombre à 11 millions dans toute la France, presque autant que de chats domestiques (environ 14 millions).Il existe de gros îlots que l’on arrive à répertorier, mais également un nombre incalculable de petits îlots de 2 ou 3 chats. Nombreux sont les nourriciers non recensés qui nourrissent un ou deux chats dans leur jardin qui viennent tous les jours à heure fixe.
Si vous aussi, vous souhaitez devenir nourricier ou accompagner l’un de nos nourriciers pour découvrir l’envers du décor, n’hésitez pas à nous contacter.
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